Je mettrais en œuvre la réduction du temps de travail à 32 heures par semaine, car c’est la seule réforme crédible pour créer de l’emploi. Et elle est très peu coûteuse : alors que le pacte de responsabilité a coûté 40 milliards d’euros, soit deux points de PIB, sans que la contrepartie du million d’emplois promis par le Medef n’ait été au rendez-vous, les 35 heures ont coûté moins de 2 milliards d’euros, pour 400 000 emplois directs créés, au minimum.
C’est aussi une réforme indispensable parce que la révolution numérique va générer des gains de productivité de 20 à 40 % en fonction des secteurs : sous dix ans, selon certaines études, 3 millions d’emplois pourraient être supprimés. On va donc travailler moins, c’est une bonne nouvelle, à condition qu’on l’organise collectivement sans baisse de salaire, avec la réduction du temps de travail comme outil de répartition des richesses.
C’est enfin une réforme indispensable pour l’égalité femmes-hommes. Premier facteur explicatif des inégalités professionnelles, le temps des femmes est très différent du temps des hommes. Assumant toujours 80 % des tâches ménagères, les femmes sont confrontées à des doubles journées et 30 % d’entre elles sont enfermées dans des emplois à temps partiel, pour l’essentiel subi. Pour les femmes cadres, c’est le plafond de verre : l’impossibilité d’avoir une carrière comme d’accéder aux responsabilités, et une pression permanente. La campagne « #VieDeMère, avoir une carrière c’est toute une histoire » a permis de briser un tabou et de dévoiler l’ampleur de ces discriminations.
Alors, gagner l’égalité, est-ce aligner le temps de travail des femmes sur celui des hommes, 44 h 30 en moyenne pour les cadres ? Ou réduire le temps de travail pour permettre aux hommes comme aux femmes d’avoir du temps libéré pour leur parentalité et leurs loisirs ? Baisser la durée légale de travail à 32 heures et l’accompagner de politiques publiques de prise en charge de la petite enfance et de lutte contre les stéréotypes, c’est rapprocher le temps des femmes et celui des hommes.
Source l’humanité